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Comment Marseille veut en finir avec la pollution du transport maritime

Les émissions de fumée des ferries, navires de croisières et porte-conteneurs sont régulièrement dénoncées par les associations écologistes. Plusieurs initiatives industrielles veulent y mettre fin.

Produire du carburant bas carbone pour les navires à partir des poubelles de Marseille. Avec cet ambitieux projet d'économie circulaire, quatre industriels de la métropole Aix-Marseille-Provence espèrent endiguer en partie la pollution atmosphérique du trafic portuaire régulièrement dénoncée par les associations écologistes.

Le circuit profitera d'infrastructures préexistantes : les unités de méthanisation du centre de traitement des ordures ménagères de l'agglomération produiront du BioGNL avec la partie biodégradable des déchets. Il sera stocké sous forme liquide chez Elengy (filiale d'Engie) qui opère des terminaux de gaz naturel liquéfié à Fos-sur-Mer.

Enfin, le navire souteur de TotalEnergies s'y approvisionnera pour faire le plein des porte-conteneurs de l 'armateur CMA CGM équipés de sa technologie de moteur à gaz « dual fuel » . D'ici à 2024, 44 navires du groupe maritime seront propulsés grâce à cette technologie.

Selon le calcul préliminaire des industriels, ce projet de transition énergétique portuaire, le premier en France, permettra de réduire de 67 % à 88 % les émissions globales de GES du transport maritime. « Le gaz naturel liquéfié permet d'abaisser de 99 % les émissions d'oxyde de soufre, de 91 % les émissions de particules fines et de 92 % les émissions d'oxyde d'azote », précise l'opérateur.

Mutation rapide exigée

Les paquebots et les ferries sont également dans le collimateur des écologistes. En mai, pour protester contre la stratégie de développement touristique des croisières, la ville de Marseille a décidé de se désengager du Club de la croisière Marseille-Provence qui a fait de la cité phocéenne un port d'attache pour les majors du secteur.

« Les compagnies devront envisager une mutation rapide de leur modèle de développement, en prenant en compte les aspirations citoyennes, les enjeux environnementaux et l'optimisation des impacts économiques de leurs activités auprès des communautés locales », avait alors justifié Laurent Lhardit, chargé du dynamisme économique, de l'emploi et du tourisme durable.

Les principales marques du secteur et les autorités portuaires l'ont entendu. Pour la reprise de son activité début juillet , le groupe Costa a présenté sur les quais phocéens son « Costa Smeralda », l'un des premiers navires de croisière alimenté au GNL.

La pression pèse aussi sur les ferries qui assurent la liaison avec la Corse. Dès la fin de 2018, La Méridionale a équipé ses navires d'un système de branchement électrique à quai pour dépolluer ses escales, suivi par trois des navires de Corsica Linea. Un investissement de 20 millions d'euros a été décidé par le port de Marseille, suivi par la région Sud - Provence-Alpes-Côte d'Azur qui a consacré un programme « Escale Zéro fumée » de 30 millions pour l'électrification des ports de Marseille, Toulon et Nice.

« En 2025, plus de la moitié des navires seront branchés à quai et près d'un tiers fonctionneront au GNL, réduisant de 80 % les escales polluantes », selon Hervé Martel, président du directoire du Port de Marseille-Fos. Il y a urgence : selon l'observatoire Atmosud , les émissions d'oxydes d'azote des navires bloqués à quai pendant la pandémie ont été multipliées par 6 depuis le début de la crise sanitaire.

Par Paul Molga - Les Echos